Internet bouleverse-t-il le travail des enseignants ?

Les technologies de l'information et de la communication pour l'enseignement (TICE) devaient transformer en profondeur l'enseignement. Grâce à l'ordinateur et à Internet, les professeurs disposent désormais de nouveaux outils pédagogiques, d'une source infinie d'informations, d'une ouverture inédite sur le monde. Les écoles françaises, des classes primaires à l'université, s'équipent progressivement en accès à la Toile et en ordinateurs. Mais au delà de l'équipement indispensable, ce sont bien les pratiques pédagogiques qui sont en question.
Où en est-on de cette modernisation de l'enseignement ? Induit-elle véritablement une révolution dans la relation entre les enseignants et les élèves ? Quelle nouvelle fonction assure le professeur lorsqu'il n'est plus la seule source du savoir ? Peut-on mesurer les résulats de cette profonde mutation de la pédagogie ? Faut-il, au contraire, revenir aux méthodes éprouvées du passé comme certains le demande avec vigueur?
A l'occasion du Salon de l'éducation qui se tient à Paris du 16 au 19 novembre, nous faisons le point sur un sujet extrèmement débattu car il est lié à la crise de l'école.

in  FRANCE CULTURE

http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/science_publique/fiche.php?diffusion_id=46455&pg=avenir

Comments

[Roger]

1.Une question initiale: le tableau acrylique (ou noir, ou vert), le flipchart, le rétroprojecteur, le laboratoire de langue (quelqu'un s'en souvient?), le projecteur à diapositives, le projecteur opaque (quelqu'un d'autre s'en souvient?), et bien d'autres aides à l'enseignement et à l'apprentissage sont entrés dans la salle de classe sans tellement changer la relation entre le professeur et les élèves. N'est-ce pas?
2.Une autre question initiale: la radio, le cinéma, la télévision, les jeux électroniques, et tout le reste me semble aussi ne pas avoir changé grand-chose dans la relation entre le professeur et les élèves. N'est-ce pas?
3.Ma double entrée soulève sans doute de nombreuses autres questions. Quant à moi, j'en déduis qu'il en faut pour bouleverser la relation de l'enseignant avec ses élèves. Voyons un peu comment elle peut changer ou pourquoi elle peut changer mais pas être bouleversée.
4.Et l'internet? C'est tout ce que je viens d'énumérer et plus dans un seul système entrant dans la vie des enfants dès le tout jeune âge. Avec les modifications que les enfants subissent en vertu de leur assimilation de cette technologie qui devient comme un outil permanent dont la présence dans leur vie s'apparente à celle de leurs souliers; on les enlève pour dormir. D'ailleurs, je ne sais plus s'il faut parler vraiment d'Internet ou de la Technologie, une Transtechnologie ou une Métatechnologie. Que l'on pense à l'évolution du cellulaire! Ce cellulaire avec toutes ses fonctions envahit nos salles de cours et conséquemment modifie l'élève dans de nombreux comportements. En somme, il est déjà là l'enfant de la technologie portable dans nos salles de classe. L'autre jour, une étudiante est venue me montrer les photos qu'elle avait prises de moi durant le cours. Banal vous direz, pas tant que ça si on y réfléchit un instant!
5.Que dire du professeur? Lui aussi, il est « technologisé »; il en reste de moins en moins des professeurs technologiquement analphabètes. Ceux qui ont une alphabétisation suffisante voient le potentiel de cet instrument multiforme. Se termine l'époque où nous pouvions dire que le professeur résiste à la technologie, qu'il en ignore le potentiel dans l'enseignement et l'apprentissage, qu'il est irrécupérable. S'il en reste de cette catégorie, les prises de retraite en réduisent le nombre inexorablement.
Et les jeunes qui viennent en relève arrivent avec deux cellulaires en poche et deux ordinateurs sur la carte de crédit. Ils sont rodés. Capables d'apprivoiser la Technologie au service de l'enseignement et de l'apprentissage. Un certain nombre d'entre eux ont même goûté déjâ, comme étudiants ou même comme professionnels, à la technologie au service de l'enseignement et de l'apprentissage. Avant, on s'inquiétait du nombre d'heures passées devant le téléviseur, aujourd'hui on s'inquiète du nombre d'heures passées devant l'ordinateur et ses dérivés.
6.Pour que la relation entre l'enseignant et les élèves soit « bouleversée », il faudrait une révolution technologique subite du système éducatif. Cela ne se produira pas pour des raisons de coût (ce ne serait pas politiquement rentable). Il est, à mon avis, plus plausible de prédire que ce sont les enseignants et les élèves qui vont provoquer progressivement le changement parce qu'ils seront différents par leur assimilation antérieure de la Transtechnologie (Je dis antérieure à leur insertion dans le système éducatif).
7. Mon expérience ici au Brésil me révèle que l'Internet peut être présent dans la vie familiale, mais tant que les infrastructures d'accès seront limitatives dans l'école et la classe, il sera discret dans la relation entre l'enseignant et les élèves. Discret au sens où l'élève et l'enseignant savent que son usage exige une disponibilité technologique dont l'école ne dispose pas.
8. Un dernier mot: incapable de dire: en France, l'Internet bouleverse la relation enseignant-élèves mais capable de dire: l'Internet ne bouleverse pas dans l'environnement éducatif que je fréquente ici au Brésil. Et comme on dit chez nous au Québec: « C'est pas d'main la veille qu'on va voir ça! ». Mes propos valent pour Teresina, la ville où j'oeuvre et l'état du Piauí dont elle est la capitale. Le Brésil est trop grand et trop diversifié pour que je puisse étendre la portée de mes propos au-delà de ces limites.
Roger Bédard
Professeur
Technologie de l'informatique et de la communication
Brésil

[Brigitte]

Il est évident que le travail des enseignants peut être modifié mais il ne fait pas croire que c'est Internet qui va révolutionner l'enseignement.
Internet et les TIC (technologies de l'information et de la communication) en général sont des outils mis à disposition des enseignants, au même titre que les dictionnaires, les tvs ou les magnétoscpes. Certains les ont intégrés, d'autres non.
Les outils ne modifient pas l'acte d'apprendre ou d'enseigner si l'enseignant ne change pas sa pédagogie. C'est l'usage que l'on fait d'Internet qui modifie ou non le travail des enseignants.
C'est certain que Internet boulverse le monde "connecté" du moins, les manières de travailller, de communiquer.
Selon moi, l'école doit préparer les futurs citoyens au monde, et donc à l'utilisation et à la prévention des TIC. Il faut faire d'Internet un outil comme un autre, il faut l'intégrer, l'utiliser, le maîtriser surtout.
L'école est restée l'école après l'arrivée du crayon, du livre, du cahier, de l'ordinateur maintenant c'est Internet . Alors bienvenu à toi nouvel outil !!

[Jean-Marc]

La question n'est certainement pas de savoir si le travail des enseignants est bouleversé par Internet : il DOIT l'être.
Ils doivent saisir cette opportunité fabuleuse d'ouverture vers les savoirs et le monde, pour faire évoluer pédagogie, méthodes, intérêt des jeunes, capacité à organiser autrement son travail...
De nombreux (?) enseignants l'ont d'ailleurs compris. Certains, même, utilisent des outils nouveaux et complémentaires (nouveaux dans notre vieille et pusillanime France !), tels que les cartes cognitives (ou mind mapping : voir le site i-km.com) que les pays nordiques (voire anglo-saxons) utilisent dès l'école. Point n'est besoin de connaître les derniers travaux des sciences cognitives, pour s'apercevoir que l'on sait aujourd'hui bien plus sur le fonctionnement du cerveau qu'il y a encore 10 ans, et que la représentation spatialisée des idées permet de bien mieux organiser et donner des repères, créer, penser par soi même...
Allez, encore une petit coup de pouce, pour les enseignants